Témoignages d’un lépreux guéri

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(par Toko Pierre, Lilongo)

«Bonjour, je m’appelle Toko Pierre, j’habite à Lilongo. Moi j’ai eu cette maladie [boluma, la lèpre]. Quand j’ai eu ça, je n’avais personne dans ma famille pour me surveiller, mais c’est Ahmat [le relais communautaire, centrafricain, musulman] qui a veillé sur moi. Ca avait commencé par mes mains, ensuite j’ai eu mal aux pieds jusqu’à être presque paralysé. J’avais la face et les bras gonflés. Regardez c’est pour ça que j’ai des traces ici, des cicatrices. Mais il n’y avait personne pour veiller sur moi, c’est Ahmat le milo [patron] qui était là. Quand je suis parti à la visite médicale chez les Sœurs, c’est lui qui m’a aidé.

Moi ma maison était ici à côté. Je ne marchais jamais, je n’avais pas la capacité de me déplacer, j’étais toujours à terre. Quand j’étais malade, il faut rappeler à mes frères Aka que les autres disaient : « Aah Toko Pierre il a la lèpre, il va mourir aujourd’hui ! mais où est-ce qu’il a eu cette maladie ? On ne peut pas l’approcher, c’est un lépreux, on ne peut pas le toucher, lui-même se débrouillera tout seul comme il veut.

Mais pourtant tout ce qu’ils disent là, il faut laisser ça à Zambé [Dieu]. Si Zambé me donne la force, je peux bien suivre mon traitement et vous aussi il faut que vous voyez que c’est Zambé qui fait que je suis toujours vivant. Moi j’ai bien suivi mon traitement. Quand je suivais mon traitement, Ahmat me faisait toujours les injections. Il m’a donné beaucoup de piqûres, et m’amenait voir les infirmières.

Je me disais: mais pourquoi je suis toujours sur place ? Il fallait que je fasse des efforts pour me tenir debout, j’avais tellement maigri, j’étais devenu comme une toute petite chose. Les gens pensaient que j’allais mouri,r mais c’est Zambé qui m’a sauvé. Merci beaucoup à Zambé qui m’a donné la force de suivre mon traitement, j’ai donc compris que vraiment dans cette vie il faut faire des efforts.

Maintenant, je dois devenir quelqu’un qui doit aider les Aka avec cela. Mais pourtant moi j’étais devenu un instrument de moquerie par les autres Aka, mais maintenant c’est moi qui cherche à les aider. Pourtant quand j’étais souffrant, les autres Aka disaient que Toko Pierre il ne faut pas le toucher, sinon on va attraper la lèpre. Pourtant moi quand je suivais le traitement, je ne pouvais pas fuir les piqûres, tous les médicaments que l’on me donnait c’est des médicaments à prendre tous les jours ! Il ne faut pas négliger. Dès que j’ai eu à nouveau la santé, j’ai repris le travail et je me mets maintenant à aider les populations aka. Regardez, c’est grâce à ce que j’ai fait que j’ai eu à nouveau la santé.

La maladie de la lèpre, on la traite, on a le traitement pour ça. On donne ça gratuitement. La matin il faut toujours prendre, le soir tu prends, il ne faut pas arrêter. Trois comprimés le matin, Trois comprimés le soir.

A l’hôpital, on te donne des médicaments pour rester en vie. Est-ce qu’on te donne des médicaments pour mourir?! Si tu ne prends pas ces médicaments, alors c’est toi qui fais mal à ton corps, c’est toi qui va perdre ta vie. Si tu as la maladie de la tuberculose on va te donner beaucoup de médicaments, mais si tu les prends bien, tu as être sauvé. Mais ce que je veux dire à mes frères Aka, c’est de ne pas s’enfuir, laisser les traitements et partir comme ça. L’hôpital c’est comme Zambé, il ne faut pas fuir l’hôpital... Si mes enfants sont malades et qu’ils veulent fuir, moi même je les prends pour les amener à l’hôpital et les forcer à avaler le médicament.

Mes frères, je vais terminer sur ces mots : ils ne faut pas fuir l’hôpital, l’hôpital c’est comme la maman et le papa. Si tu es malade, il faut aller à l’hôpital. Si tu prends bien le traitement, si tu continues et que la maladie ne passe pas, alors tu peux te dire que ce sont des choses mystiques. Si c’est des maladies simples tu vas guérir. Si les docteurs te disent de rester là, à l’hôpital il faut les écouter. Il faut rester jusqu’à ce que le traitement te fasse du bien. Ce sont eux qui vont chercher une occasion pour te ramener chez toi. Il ne faut pas chercher à fuir l’hôpital. Si vous avez des difficultés à aller à pied, il faut que vous sortiez au village pour qu’Ahmat écrive un mot pour Enyelle et que le véhicule de l’Ordre de Malte vienne les récupérer. Si à Enyelle ce n’est pas bon, ils vous amèneront à Bétou, si ça ne tient pas ils amènent à Impfondo, ou Brazzaville. Moi je m’appelle Toko Pierre, de Lilongo, LILONGO VILLAGE»